Chançard et Francine, une famille presque grecque !

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En janvier 2022 la demande d’asile de Chançard, Congolais, venait d’être refusée pour la seconde fois. Et encore une troisième fois en novembre dernier…

Et pourtant ce candidat à une meilleure vie en Europe, semblait avoir tous les atouts dans sa main : son départ de sa patrie s’est fait dans des circonstances dramatiques; il a avec lui deux enfants nés en Grèce ; et lui et sa famille sont des modèles d’intégration.

On ne va pas développer sur ce qui s’est passé avant son départ de la République Démocratique du Congo ; il suffira de savoir qu’il a échappé à la mort par miracle et que la plupart des membres de sa famille sont morts de mort violente. Son voyage a été « chanceux » : il n’a mis QUE 1 mois pour arriver à Samos en novembre 2019 ! Certains ont mis des années. En tout cas, malgré l’amitié et l’amour dont il est entouré, malgré les soins qu’il a pu recevoir, Chançard a encore beaucoup de mal à bien dormir…

Francine et lui se sont rencontrés en Turquie, juste avant la courte mais dangereuse traversée pour Samos. Elle est arrivée en même temps que lui, après SEULEMENT 8 mois de trajet, via l’Angola et d’autres pays. Elle a eu de la chance : cela s’est plutôt bien passé en Turquie pour elle. Il est intéressant de noter qu’à ce jour, plus de 3 ans après son arrivée en Europe, Francine n’a reçu aucune réponse pour sa demande d’asile ! Elle vient seulement de passer son « grand oral », l’interview précédent l’étude du dossier.

Isaac est né le 14 mars 2020 à Samos deux jours après le début du confinement. Il pourrait devenir Grec un jour !

Comme sa petite sœur Mélianna, née le 8 février 2022 sur l’île de Syros, dans les Cyclades.

Car après avoir quitté Samos en juin 2021 et un passage par Athènes, Chançard a trouvé un emploi (dans un restaurant français !) à Syros. Emploi mal payé, avec de nombreuses heures supplémentaires non réglées, un coût de transport qui lui mange une bonne partie de son salaire, mais un emploi déclaré et qui lui a permis de faire venir la petite famille et d’accueillir Mélianna en plus.

Grâce à leur gentillesse, leur sociabilité et leur réseau d’amis (ce qui va ensemble), Francine et Chançard se trouvent bien dans leur petit appartement cosy de Syros. Les voisins, le prêtre orthodoxe d’en face, les sœurs d’une maison de retraite de la ville les soutiennent, leur font des petits cadeaux, leur donnent des meubles, une poussette pour Mélianna. Isaac va à l’école grecque et s’y plaît beaucoup. Il parle déjà mieux le grec que son père, qui se débrouille.

Oui, bien sûr, Francine et Chançard auraient préféré aller en France (la langue française est aussi la leur) où ils ont déjà beaucoup d’amis (et pas seulement congolais !!). Mais voilà, ils n’ont pas encore l’asile et quand ils l’obtiendront, ce sera pour la Grèce. Alors ils font le choix de l’intégration là où les hasards de la vie les ont fait arriver et ils le font de bon cœur et avec philosophie.

De la philosophie, il en faut quand on perd deux journées de salaire pour aller à Athènes passer un entretien ou apposer sa signature mensuelle au Centre d’Enregistrement des Demandeurs d’Asile, quand on est obligé de prendre les bateaux les plus rapides -donc les plus chers- pour faire l’aller-retour dans la journée, quand il faut payer un avocat pour faire appel, quand son avocat ne fait rien pour faire avancer son dossier, quand il faut payer un nouvel avocat, avec l’espoir que celui-là fera son travail (là on le connaît, donc ça devrait être bon), quand sa mobylette électrique tombe en panne et qu’il doit prendre le taxi pour aller travailler.

Bonne chance à Francine, Chançard, Isaac et Mélianna.

Chez On The Road, nous serons toujours là pour les soutenir et nous espérons que la 4ème fois sera la bonne pour Chançard et sa famille. Par la réussite de leur intégration ils ne savent pas à quel point ils nous aident et justifient notre action.