Antoine* du Gabon

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Quand et comment es-tu arrivé à Samos ?

Après 5 heures de traversée en Dinghy de la côte Turque, je suis arrivé à Samos en mars 2022. Avec d’autres réfugiés nous nous sommes cachés dans la brousse et avons mis plus de 24 heures avant d’atteindre le nouveau camp pour nous faire enregistrer. Il faisait très froid et nos vêtements étaient imbibés d’eau de mer. C’était vraiment très dur et anxiogène. J’ai d’ailleurs fait une crise d’épilepsie et je me suis effondré une fois en sécurité. Les Grecs m’ont pris en charge aussitôt à l’hôpital de Samos.
 
Comment es-tu logé ? Quel est ton quotidien pour la nourriture ?
 
Je suis logé dans un containeur aménagé avec une cuisine, WC, douche interne, chambre climatisée, mais dans le camp il y a des tensions et je me suis déjà fait cambrioler, par exemple dernièrement on a volé  nos plaques de cuisson et nos affaires personnelles. Il n’y a malheureusement pas d’intimité quand vous êtes 6 dans un containeur c’est un dortoir.  Au début lorsque nous étions 300 dans le camp nous pouvions choisir notre container, maintenant avec plus de 1.100 personnes c’est la direction du camp qui choisit les emplacements pour nous.
 
Le camp met à notre disposition deux repas déjà cuisinés sous vide par jour avec 3 bouteilles d’eau, ce qui un peu absurde puisque nous avons le matériel pour cuisiner. Le matin à partir 8h30 et à midi à partir de 12h30, il faut faire la queue avec parfois beaucoup de tension. Je déjeune pratiquement tous les jours à « La Maison ». Cela me convient mieux car les plats sous vides que l’on nous donne dans le camp sont parfois de qualités et d’hygiène douteuse. Il n’y a pratiquement aucune activité dans le camp en dehors du football. Même si c’est difficile de sortir du camp car les règles sont dures, je me débrouille.
 
Qu’est-ce qui te marque le plus depuis que tu es à Samos ?
 
J’ai été profondément marquée par la convivialité et  l’hospitalité de « La Maison ». C’est  mon coup de cœur ici à Samos ! Je m’y détends et oublie une partie de mes problèmes.
Et j’ai aussi  été marquée par le soutien médical dont j’ai bénéficié depuis mon arrivée en Grèce même si je n’aimerais pas avoir besoin d’être opéré, j’ai un encadrement psychologique et LGBT grâce aux ONG.
 
Comment se déroule ta demande d’asile ?
 
Ma première demande a  été rejetée fin juillet du coup je suis en procédure d’appel. Je crains de revenir dans mon pays. Tout ce chemin pour être ici depuis mars et attendre, c’est long, très long car il n’y a rien à faire, même  si je sais que certains y sont depuis des années. Il faut être patient, avoir un bon avocat et croire en la justice.
 
Que veux-tu faire de ta vie et où veux-tu vivre ?
 
J’aimerais avoir l’opportunité de travailler  dans l’environnement, l’écologie ce sont des secteurs d’activité qui mon toujours intéressé et dans mon pays personne ne s’occupent de l’écologie comme ici. Je voudrais vivre ici en Grèce j’aime beaucoup ce que j’en vois quand je suis hors du camp. L’île de Samos est très belle, mais je dois m’inventer et tant que je n’ai pas la protection c’est dur de se projeter. Je suis confiant même s’il y a des hauts et des bas.
 
Quel est ton avis sur la maison et les ONG présentent à Samos ?
 
Comme je le disais, « La Maison », est mon coup de cœur ici à Samos, c’est mon endroit par excellence, je me sens comme chez moi et à côté de ça j’ai beaucoup aimé les activités proposées. Cela m’a donné l’opportunité de visiter le musée de Vathy, de découvrir le village d’à côté de  Mytilini, de faire les premiers pas sur les plages de Samos, etc.. De retrouver goût à la vie.

Parmi les autres ONG j’ai été aussi marqué par l’ONG Samos Volunteer qui a un lieu en ville, à 8 km, le centre Alpha avec plein d’activités qu’elle met à notre disposition comme le Wi-Fi gratuit , les jeux de société et pas mal de cours et rencontres, elle est aussi présente près du camp dans des tentes avec AlphaLand. La Maison et AlphaLand sont les deux seules ONG présentes près du camp, mais on entend que la seconde  risque de fermer cet hiver…
 
Comment vois-tu ton avenir ?
 

C’est vraiment difficile de se projeter sans statut mais qu’à cela ne tienne, je veux vivre normalement, avoir le plaisir de retourner au cinéma, à des concerts, prendre des verres avec des amis, tout simplement la vie en tant qu’humain.
 
*Le prénom a été modifié